Face au terril, le cœur des femmes l’emporte

Elles se retrouvent régulièrement — trois fois par semaine —, notamment au sein du parc Maingoval de Douchy-les-Mines. Elles s’attendent sur ce qui est désormais « leur » banc et discutent, avant de partir s’entraîner ensemble. Elles sont 10 à avoir répondu à l’appel de Fatima Arab, agente du PLIE de La Porte du Hainaut, souhaitant lancer un défi pour les femmes ayant traversé des épreuves difficiles.

Adeline, mère de cinq enfants, connaît pourtant de grands moments de solitude. Justine, elle, a connu des violences conjugales quand Katia est mère d’un jeune garçon touché par un handicap. Alors, ces entraînements sont devenus une respiration dans un quotidien éprouvant. « C’est un moment pour soi. Quand je cours, je ne pense plus à rien et mes problèmes s’en vont le temps de la course. »

Ce qui vaut pour Justine vaut pour les autres filles. « Je me sens parfois isolée. Venir ici, courir avec les filles me fait beaucoup de bien », ajoute Adeline. Le défi est simple : participer et finir, ensemble, les 10 kilomètres de la course des Terrils (Raismes).

Des instants de course suspendus

Au-delà de ces bienfaits, l’objectif est aussi de dépasser des limites qu’elles pensaient pourtant inatteignables. Toutes se souviennent du premier entraînement, un « 30 secondes de marche, 30 secondes de course » et de la difficulté qui en découlait.

Quelques semaines plus tard, pourtant, elles bouclent ensemble 50 minutes de course sans s’arrêter. « On était tellement fiers de nous à l’issue de l’entrainement… », se rappelle Adeline. Les filles peuvent compter sur le soutien de Fatima, qui les accompagne, mais aussi d’Ingrid, leur coach.

« Elles ont toujours un petit mot pour nous. Avec elles, on peut parler, se confier… », assurent les trois femmes. Preuve aussi de l’importance sociale que revêt le sport.

Certaines d’entre elles ont même déjà participé à une course — un trail de 9 kilomètres à Rieulay —, non sans mal. « À l’arrivée, j’étais comme déconnectée. Je ne pensais pas y arriver et finalement, j’ai su passer la ligne d’arrivée », décrit Adeline. Là, Ingrid les attendait, prête à célébrer avec elle cette victoire… qui en appelle d’autres.

Être ensemble, finir ensemble

À la fin du mois de septembre, elles participeront au 10 kilomètres de la course des Terrils, à Raismes, avec la volonté de commencer et finir ensemble. « Je sais que l’on va finir. Et je sais aussi que l’arrivée sera forte en émotions », assure Justine.

Déjà lors des entraînements, les coups de « moins bien » que chacun connaît est compensé par les encouragements et le soutien des autres. Alors, venir à bout de ces 10 kilomètres est un défi, mais elles savent que le soutien de leurs partenaires de route fera la différence.

Ces quelques semaines ont été « une aventure humaine incroyable » résume Katia. « Si l’action est renouvelée, il ne faut pas hésiter. Cela nous a tellement apportés… On aimerait que d’autres puissent en profiter. »

Certes, l’échéance approche et plus la ligne d’arrivée approche, plus le cœur s’alourdit pour ces filles. Mais elles savent déjà qu’elles garderont contact et que ce qu’elles ont créé, cet été, durera dans le temps.